4.1.4 Niveaux de réchauffement planétaire

Il est courant de présenter les projections futures sous forme de séries chronologiques, comme le montre la figure 4.4, ou pour des périodes futures fixes, p. ex., les années 2020, 2050 et 2080, selon différents scénarios de forçage pour différentes régions. Lorsqu’elles sont présentées de cette façon, les projections des MCG ayant différentes sensibilités climatiques à l’équilibre sont combinées, ce qui rend difficile la séparation entre l’incertitude due à la variabilité interne naturelle et celle qui est causée par l’incertitude des modèles. Une façon de présenter les projections futures qui dissocient l’information sur les projections régionales de l’information sur les scénarios de forçage et la sensibilité des modèles consiste à utiliser des niveaux fixes de réchauffement planétaire.

Seneviratne et coll. (2016) ont montré que les changements proportionnels des températures et des précipitations sur de grandes régions sont semblables d’un scénario à l’autre et d’un modèle à l’autre lorsqu’ils sont considérés comme une fonction du changement de la température moyenne mondiale. Depuis ces travaux, d’autres études (p. ex., Li et coll., 2018; Schwingshakl et coll., 2021) ont montré que la relation entre les différentes variables et indices climatiques et le changement de la température mondiale demeure généralement constante. Le lien entre le changement de la température moyenne mondiale et le changement de la température moyenne canadienne est illustré dans la figure 4.5 et présente un moyen d’estimer les implications du changement mondial pour le Canada selon des scénarios de forçage alternatifs. Les répercussions estimées dans un seul scénario de forçage peuvent être mises à l’échelle afin de calculer approximativement les répercussions dans le cadre d’un autre scénario de forçage, puisque le rapport entre le réchauffement régional au Canada et le changement de température à l’échelle mondiale est à peu près constant, dans ce cas environ le double du taux moyen mondial. Le fait de lier les répercussions régionales à des niveaux de réchauffement planétaire précis évite de mélanger les projections régionales de modèles présentant différentes sensibilités climatiques sur des périodes fixes. L’autre avantage de cette méthode est qu’elle établit un lien direct avec les cibles de réchauffement planétaire, comme l’Accord de Paris de 2015 visant à limiter le réchauffement de la planète bien en deçà de 2 °C, de préférence à 1,5 °C.

Figure_fr_4.5

Figure 4.5 : À gauche : Changement de la température moyenne au Canada tracé en fonction du changement de la température moyenne mondiale (°C pour les moyennes sur 20 ans allant de 1986 à 2005) à partir des MCG du CMIP5 pour le RCP2.6 (vert), le RCP4.5 (bleu) et le RCP8.5 (rouge). Les lignes en gras sont des ajustements des moindres carrés, alors que les lignes pointillées plus minces correspondent aux résultats des modèles uniques. À droite : Longueur changeante de la saison de croissance (en jours) pour les cultures de la saison chaude dans les Prairies canadiennes, en tant que fonction des changements de la température moyenne canadienne. (Source : Bush et Lemmen, 2019, mais adapté de Li et coll., 2018)

Figure_fr_4.6

Figure 4.6 : Changement de la température annuelle moyenne (°C) pour le nord-est de l’Amérique du Nord (axe vertical) en fonction des niveaux de réchauffement planétaire pour le SSP5-8.5 (par rapport à 1850-1900; axe horizontal). Chaque point représente un modèle climatique différent (qui peut être identifié sur la page interactive), et chaque couleur indique la période pendant laquelle le niveau de réchauffement planétaire est atteint. Dans cet exemple, la plus forte augmentation du réchauffement planétaire est indiquée par le CanESM5 (en haut à droite), et cette région se réchauffe environ deux fois plus vite que la température moyenne mondiale. (Source : Atlas interactif du GIEC [en anglais seulement])